10 ans dans les Terres du Milieu

Il y a dix ans, je profitais d’être coincé à la maison par un heureux événement et d’une clé Beta pour tester un jeu en ligne basé sur le monde de Tolkien, et je faisais part de mes réflexions sur le site de ZoC . Aujourd’hui, le jeu fête ses 10 ans, et c’est l’occasion de tirer un bilan de cette première décennie du jeu[1]pour les gens qui ne fréquentent pas le monde du Meuporgue, 10 ans, c’est déjà un âge canonique. Disclaimer: je vous conseille de lire l’article de ZoC avant, je vais certainement y faire référence à de nombreuses reprises…

Des personnages inchangés

10 ans après, Noleth n’a pas pris une ride

De ce point de vue, LOTRO est un jeu qui a fait preuve d’un conservatisme certain depuis sa sortie. Aux 4 races et 7 classes du jeu initial n’ont été rajoutées que 2 classes (la Sentinelle et le Gardien Des Runes) assez rapidement (dès 2008), et une race/classe (le Beornide) il y a une paire d’années. Quant aux modèles de personnages, ils n’ont quasiment pas évolué depuis la sortie… Ceci dit, il se murmure qu'[2]enfin les équipes de devs ont dit qu’elles bossaient surune refonte graphique des personnages pourrait voir le jour cette année.

Une histoire qui a beaucoup avancé

A la sortie, le sous-titre du jeu était « Les Ombres d’Angmar », et c’est également le nom du premier grand arc scénaristique (la « quête épique »). Et à dire vrai, le niveau général de cet arc est dans le haut du panier de ce que j’ai pu expérimenter dans un MMO, uniquement dépassé par l’excellence scénaristique de The Secret World.

Nous avons ensuite plongé dans « Les Mines de la Moria », pour aider à la fois les nains qui tentaient de reprendre leur terre et les elfes de la Lorien désireux de combattre le mal qui s’étendait à nouveau de Dol Guldur.

Le troisième volume du livre épique, « Les alliés du Roi » nous a ensuite fait voyager aux quatre coins de la Terre du Milieu, pour rencontrer à la fois les rôdeurs du Nord et les Rohirrim, pour trouver son apogée à la bataille du Gouffre de Helm. Du fait d’un nombre assez incalculable de personnages et de lieux, et devant jongler avec la fidélité au livre sans pour autant se retrouver à des endroits où le joueur « apparaitrait » ce livre épique a souvent été vécu par les joueurs comme un pensum, décousu et sans vraie flamme.

Une flamme que l’on retrouve dans le livre IV (le livre en cours): « La Force de Sauron ». Avec le siège de Minas Tirith et les armées qui se massent, il devient plus facile de placer le joueur dans le rôle de « personnage au deuxième rang » du livre[3]un rôle que l’on pouvait déjà avoir lors de la bataille du Gouffre de Helm, et c’est avec plaisir que l’on se retrouve à essayer de rejoindre des rôdeurs dans un Osgiliath envahi par les troupes du Mordor, que l’on grignote un morceau avec un Pippin garde de la Citadelle désoeuvré ou que l’on participe à la charge des rohirrim dans les Champs du Pelennor[4]une gageure, mais un défi relevé par le jeu… en attendant la bataille de la Porte Noire, qui devrait se tenir très bientôt (elle est prévue dans la mise à jour qui arrive cette semaine[5]Et forcément, elle arrive juste avant que je poste mon billet…)

Passons par les Mines de la Moria

Si le jeu d’origine pouvait être quelque peu chiche en lieux emblématiques de l’œuvre (en dehors de la Comté, de Bree, du Mont Venteux et de Fondcombe, les endroits « célèbres » étaient peu nombreux), la décennie nous a tout apporté ou presque: la Moria, la Lorien, le Rohan, Isengard, Fangorn, Minas Tirith, mais aussi des endroits plus exotiques comme la baie glacée du Forochel, la cité de Dol Amroth ou la forteresse maudite de Dol Guldur. Plusieurs lieux emblématiques du Hobbit sont aussi présents, comme Gobelinville, ou, à la faveur de zones instanciées, Dale et le Mont Solitaire[6]on ne désespère pas de voir un jour ces zones en jeu….

Au bout de 10 ans, le Mont Venteux ne nous fait plus peur

Au final, on se retrouve dans un monde immense que l’on peut parcourir (presque) sans interruption. De l’extrême nord du Forochel à Minas Tirith, on ne rencontre que deux écrans de chargements au minimum (4 si l’on passe par la Moria et le Chemin des Morts), ce qui est rarissime dans un jeu en ligne.

Peu après cette photo, je suis mort (les chutes d’eau, c’est fatal)

J’en parlais rapidement à la fin de mon article, mais une mention spéciale doit être faite à la musique, qui nous accompagne vraiment dans cette aventure[7]Et dans bien d’autres. Si vous cherchez de la musique d’ambiance pour vos parties de JdR, c’est une mine, à creuser par ici, par exemple.

De plus en plus héroïque

Si l’on commence nos aventures modestement, à dépecer des sangliers et à bastonner des brigands et des gobelins, la progression du jeu nous amène quand même à réaliser quelques exploits. Ainsi, au fil du jeu (et surtout des instances, ce contenu à réaliser en groupe), on pourra affronter rien de moins qu’un dragon[8]un vrai, sur son tas d’or et tout, un dracoliche[9]c’est comme un dragon, mais en plus mort-vivant, une plâtrée de nécromanciens divers et variés, un balrog[10]mais un petit, et avec l’aide d’une eldar, et on se permettra même d’aller (essayer de) botter les fesses de Saroumane et de renvoyer pour un temps quelques nazgûls se reposer du côté de Barad Dûr.

Parfois, on trouve aussi juste une expo d’art pariétal au fond de Gobelinville

Pour nous aider dans notre quête, nous avons droit à une arme légendaire (depuis la Moria), une monture de guerre (depuis le Rohan) et bien entendu un équipement améliorable qui nous rend plus fort, plus beau, plus intelligent…

De la communauté et du développement

Si le jeu a tenu aussi longtemps (et si j’y ai tenu aussi longtemps), c’est d’abord et avant tout grâce à sa communauté. Affublé à sa sortie du surnom de « maison de retraite pour joueur de MMO » par les gros joueurs qui lui reprochaient un gameplay « mou du genou », le jeu a tout de même réuni un noyau de fidèles d’une moyenne d’âge plus élevée que dans le milieu « classique » du MMO, « mieux éduquée » (comprendre: qui s’exprime dans un français correct, globalement respectueuse de ses petits camarades et dans certains cas carrément érudite), et pour une bonne partie amatrice du monde de Tolkien. Ce qui a donné une ambiance très agréable au jeu malgré les différentes avanies de développement et de gestion.

Parce que le jeu a eu plusieurs « phases ». Initialement développé par Turbine et distribué en France par Codemasters sous une formule à l’époque classique d’abonnement, il est passé quelques années après en « free-to-play »[11]ce qui veut dire que vous pouvez aller vous balader dans les Terres du Milieu sans claquer un sou, ce qui vaut le coup. Puis la gestion européenne a été récupérée par Turbine, qui s’est fait absorber par Warner Bros. Et le dernier rebondissement est survenu l’année dernière, quand les équipes ont annoncé qu’elles quittaient Turbine/Warner avec leur jeu sous le bras pour monter un studio indépendant. Ce qui fait quand même du bien, la communication sur le jeu durant la phase Warner ayant été très dure[12]comprendre: pas un mot sur les pistes de développement, des infos diffusées au compte-goutte… bref de quoi perdre la foi dans le jeu.

Du côté des méchants

Le PvP existe toujours (on l’appelle PvMP, puisque l’on peut incarner un méchant: orc, uruk-hai, warg ou araignée), mais à dire vrai, je n’y ai pas mis les pieds depuis trop longtemps pour avoir un avis sur le sujet…

Je suppose ceci dit que les méchants sont toujours aussi moches

Bilan des (10 ans de) courses

LOTRO n’a pas détrôné World of Warcraft (lequel va sur ses 15 ans et écrase toujours, de ce que j’en sais, le paysage du MMORPG), mais il a réussi à se faire une place au soleil et dans le cœur de ses joueurs.

Il est à mon avis un excellent exemple de jeu pour initier quelqu’un au monde mystérieux du MMO (surtout que maintenant qu’il est en free-to-play, l’essayer coûte royalement la somme de zéro euros). Vous pouvez même prendre l’excuse du travail puisqu’un cours en ligne de littérature anglo-saxonne se base sur le jeu[13]il y a aussi un professeur d’université qui donne des conf sur Tolkien « sur site », mais je n’ai jamais été voir ses publications.

Quant à sa pérennité, son âge est en lui-même un succès, et l’aventure n’est pas encore finie…

PS: je tiens à remercier en vrac tous les gens que j’ai pu croiser sur ce jeu, tous les gens de mes confréries, la Griffe Et Le Velours et les Maitres Artisans, les copains des Chapitres et des Héritiers du Cardolan, les gens de JoL-Lotro, 1st1, et tous ceux qui, de près ou de loin, participent ou ont participé à cette belle aventure pas seulement virtuelle…

References

References
1 pour les gens qui ne fréquentent pas le monde du Meuporgue, 10 ans, c’est déjà un âge canonique
2 enfin les équipes de devs ont dit qu’elles bossaient sur
3 un rôle que l’on pouvait déjà avoir lors de la bataille du Gouffre de Helm
4 une gageure, mais un défi relevé par le jeu
5 Et forcément, elle arrive juste avant que je poste mon billet…
6 on ne désespère pas de voir un jour ces zones en jeu…
7 Et dans bien d’autres. Si vous cherchez de la musique d’ambiance pour vos parties de JdR, c’est une mine, à creuser par ici, par exemple
8 un vrai, sur son tas d’or et tout
9 c’est comme un dragon, mais en plus mort-vivant
10 mais un petit, et avec l’aide d’une eldar
11 ce qui veut dire que vous pouvez aller vous balader dans les Terres du Milieu sans claquer un sou, ce qui vaut le coup
12 comprendre: pas un mot sur les pistes de développement, des infos diffusées au compte-goutte… bref de quoi perdre la foi dans le jeu
13 il y a aussi un professeur d’université qui donne des conf sur Tolkien « sur site », mais je n’ai jamais été voir ses publications