L’orientation sexuelle, c’est comme une bite

Il y a des gens qui en ont une, on peut en être fier même si c’est un peu ridicule, mais l’afficher partout est vraiment malpoli et en faire l’aune de son jugement une aberration.

Bref, la polémique du mois (enfin une des polémiques du mois, hein, mais je n’ai pas envie de parler chiffons et autres articles), c’est la révélation faite par l’un des acteurs du prochain film Disney (pas encore sur vos écrans): le personnage (secondaire) qu’il interprète serait gay.

Forcément, on a eu droit aux réactions prévisibles des L…T[1]GB et MP, bien entendu, les uns applaudissant et les autres conspuant (je vous laisse deviner qui fait quoi), sans parler de nos amis d’outre Volga qui se sont empressés d’annoncer qu’ils allaient faire interdire le film (ou tout du moins le réserver à un public averti). Bref, la sauce habituelle quand on utilise le mot « gay » dans une conférence de presse depuis le début de la décennie.

Tout ceci dit, il y a quand même une question qui mérite d’être posée: qu’est-ce qui définit qu’un personnage est gay (et plus généralement qu’est-ce qui définit son orientation sexuelle)?

S’agissant d’un Disney, on éliminera tout de suite la version explicite, sans quoi on aurait eu droit à des titres énormes:

Disney insère pour la première fois une scène de porno gay dans un de ses films

On peut aussi éliminer quelque chose de moins explicite comme un baiser parce que chez Disney, ça reste quelque chose de réservé aux héros du film (et encore, une fois, deux maximum, et juste du bout des lèvres). Le personnage étant secondaire, c’est également hors de question, et de toutes façons, nous aurions également droit à des titres du style

Le premier baiser homosexuel dans un film Disney!

(bon, il se murmure que cela pourrait arriver dans la suite de la Reine Des Neiges, mais c’est hors de propos)

L’hypothèse d’un coming out explicite est également peu probable (le personnage en question étant l’un des sbires de Gaston, le méchant macho du film). Alors que reste-t-il? Des équivoques, des phrases ambiguës, des situations à la limite du scabreux? La question reste ouverte, étant donné que je n’ai pas vu le film[2]il semble ceci dit que le cœur de l’argumentaire soit dans une chanson en forme de panégyrique – qui serait le pendant de celle-ci ). Et d’après une experte de la version originale, c’est quand même vachement capillotracté, à moins d’avoir sévèrement revu le script.

Toujours est-il que je trouve désolant que l’on colle de force une étiquette sur un personnage ambigu. Qu’on force une interprétation des non-dits et des sous-entendus là où, justement, le non-dit et le sous-entendu sont plus à même de susciter la réflexion et les questions.

Ah oui au fait, le personnage en question s’appelle LeFou. Et comme généralement dans les Disney, c’est un aptonyme. Comme publicité pour l’homosexualité, on fait quand même vachement mieux. On ne sort de l’ambiguité qu’à son propre dépend…

References

References
1 GB et MP, bien entendu
2 il semble ceci dit que le cœur de l’argumentaire soit dans une chanson en forme de panégyrique – qui serait le pendant de celle-ci )

2 commentaires

  1. J’aime ton art des titres poétiques. 😉
    N’étant pas très au fait de l’actu Disney, je n’avais même pas entendu parler de ça. C’est sur le nouveau « La Belle et la Bête » du coup je suppose ? Celui avec Emma-Hermione-Watson ?
    Je ne vois pas l’intérêt non plus d’expliciter des choses qui peuvent rester suggérées ou sujettes à l’interprétation de chacun (même si au programme de 3° pour le brevet il faut savoir « comprendre l’implicite d’un texte »…).

    1. Les titres racoleurs, c’est ma spécialité 😀
      Et oui, il s’agit du remake « live » de La Belle Et La Bête avec Emma Watson dans un nouveau rôle d’intellectuelle-mais-sexy-en-fait.

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