Catholicisme et conséquences ep.3 – Ne baptisez pas vos enfants!

Là, c’est de mon aile droite que je vais me prendre des attaques pour cause de titre bassement racoleur, comme quoi mais si, il faut faire baptiser les enfants, le plus tôt possible d’ailleurs, tout ça. Mais je m’en fiche, ce n’est pas à eux que je parle aujourd’hui.

L’origine de ce billet se trouve dans une série de discussions que j’ai pu avoir avec diverses personnes, dont la dernière a eu lieu pas plus tard que ce matin, avec une amie à qui l’on avait demandé d’être marraine, à qui cela posait quelques cas de conscience (qui l’honorent) au vu de son inculture religieuse, et à qui la mère du futur baptisé avait répliqué « t’inquiète pas, c’est juste pour qu’il puisse se marier à l’église si il veut ».

C’est à peu près à ce moment que j’ai recraché mon café.

Cet argument rejoint la foule des arguments du « catholicisme folklorique », tels que « c’est pour faire plaisir à la grand-mère », pour « faire comme les copains »[1]celui-là ressort plus pour les premières communions et les professions de foi, ou parce que « ça fait deux mille ans qu’on le fait »[2]ah non, ça c’est peler les noix, quand ce n’est pas pour « le protéger du démon » et autres avatars de la pensée magique (pas mal entretenue, il est vrai, par la doctrine des limbes pour les bébés morts avant d’avoir été baptisés, fort mal comprise, et sur laquelle Benoit XVI a tiré un grand trait de plume il y a quelques années).

Sauf que le baptême (tout comme le mariage « à l’église »), ça n’est pas juste une cérémonie pour faire joli, une fête sympa, voire, dans le meilleur des cas, accorder on ne sait trop quelle protection de la part d’une entité vaguement divine et probablement tutélaire, mais on ne sait pas vraiment trop.

Le baptême, c’est une entrée dans la famille des chrétiens, et (dans le cas du baptême catholique, qui est l’immense majorité des baptêmes pratiqués dans l’Hexagone) en particulier dans l’Eglise, et que ça a un certain nombre d’implications spirituelles d’une part et bassement concrètes d’autre part:

  • spirituellement d’abord, le baptême d’un jeune enfant, c’est juste le tout début de son apprentissage de la Foi chrétienne, et les parents s’engagent à l’éduquer dans cette Foi avec l’aide des parrain et marraine (si si, retournez regarder le texte, c’est marqué dedans). C’est d’ailleurs pour ça que passé 7 ans, c’est l’enfant lui-même qui demande le baptême, et qu’il y est préparé, parce que l’Eglise considère qu’il est en âge d’apprendre et de comprendre ce dans quoi il s’engage (et c’est aussi pour ça qu’on ne baptise généralement pas les enfants à la demande des parents au delà de 2 voire 3 ans, estimant que l’enfant est déjà en âge d’exprimer sa volonté propre, à défaut d’avoir l’intelligence nécessaire à la compréhension de l’engagement).
  • concrètement ensuite, c’est aussi l’entrée dans une institution qui a son histoire, ses prises de positions et ses casseroles[3]oui, ceci est une référence à peine masqué au lauréat de l’oscar du meilleur film 2016, et accessoirement son administration, qui a autre chose à foutre que de rajouter des mentions marginales d’apostasie dans ses registres (rappel utile: un acte de baptême, ça dit juste que telle personne a été baptisée dans telle église par tel prêtre avec telles autres personnes comme témoin. Et qu’en vertu de la jurisprudence, c’est aussi efficace de demander la suppression de la page[4]chose d’ailleurs impossible ou presque, les registres étant imprimés recto-verso, voire avec plusieurs actes par page que de demander à un effaceur de changer le continuum espace-temps pour que le baptême n’ait pas eu lieu. Et surtout, ça n’annule pas le baptême: on ne peut pas « débaptiser », pas plus qu’on ne peut avoir un deuxième premier baiser, première clope ou whatever première chose que vous pouvez imaginer). Et accessoirement, dans certains pays, cette inscription sert de base à la destination d’une partie de vos impôts.

En résumé:

  • si vous cherchez juste une occasion de faire une petite fête pour la naissance du choupinou, prenez la naissance du choupinou comme prétexte (ou ses 6 mois, s’il nait en plein mois de décembre et que vous préféreriez faire un barbecue).
  • si vous voulez faire (vraiment) plaisir à mémé, inscrivez-le plutôt au catéchisme quand il aura l’âge[5]shocking truth: on peut inscrire un enfant au catéchisme même s’il n’est pas baptisé
  • si vous voulez faire un truc folklorique, je peux vous trouver tout un tas de groupes et d’associations qui font revivre les traditions ancestrales, de la culture du sabot à la chasse à la gavotte
  • Si vous cherchez une protection magique à effet non garanti, vous pouvez soit vous tourner vers le grand Monsieur Mamadou, voyant et guérisseur de père en fils depuis 32 générations, retour de l’être aimé comme un petit chien, ou à défaut me contacter directement, je dois être en mesure de vous fabriquer une bénédiction de Dlul sur mesure.

En tous cas, quand vous décidez de faire baptiser votre enfant, rappelez-vous que vous l’engagez lui, et que vous vous engagez vous. Ceci dit, la voie est plutôt sympa quand même, alors n’ayez pas peur

References

References
1 celui-là ressort plus pour les premières communions et les professions de foi
2 ah non, ça c’est peler les noix
3 oui, ceci est une référence à peine masqué au lauréat de l’oscar du meilleur film 2016
4 chose d’ailleurs impossible ou presque, les registres étant imprimés recto-verso, voire avec plusieurs actes par page
5 shocking truth: on peut inscrire un enfant au catéchisme même s’il n’est pas baptisé

1 commentaire

  1. C’est vrai que ce serait trop bête de baptiser un enfant sans bien comprendre pourquoi, et que du coup nous devions l’accueillir dans la famille catholique.
    #ineptie

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