Ces jours où le féminisme me désespère

Usuellement (et parce que je n’ai globalement que des relations de qualité 😉 ), les débats sur le féminisme et/ou les réactions féministes que je vois passer dans mes espaces d’interactions sociales d’Internet sont, sinon mesurés, au moins à peu près correctement argumentés.

Mais pas ce matin. Donc je m’énerve un peu…

Au sujet du jour, un billet pleurnichard sur le fait que Disney/Pixar dessinerait tous ses personnages féminins sur le même modèle: « un visage rond et un petit nez ». Avec, pour appuyer une si imparable assertion, un double schéma:

Femmes-Disney-810x830 Femmes-Disney-2--810x840Passons rapidement sur le fait que la fille en haut à droite (sûrement un personnage du prochain film) a le visage pointu, que la photo de Raiponce soit un peu partiale (pour moi, elle a elle aussi le visage plus ovale que rond).

Passons également sur le fait que chaque personnage est profondément différent dans d’autres aspects, qu’il s’agisse des yeux, des oreilles ou des cheveux. Et n’est pas forcément « avantagé » (les yeux globuleux de Violette ou les oreilles décolléesde Vanellope von Schweetz ne sont pas forcément le rêve de toute petite fille…)

Ce qui me choque plus, c’est que des personnages qui sortent de l’argumentation soient purement et simplement exclus du schéma: qu’il s’agisse de Colette (la fille de Ratatouille, certes personnage secondaire, mais qui a plus de présence à l’écran qu’Ellie – la femme de Carl dans Up! – qui apparait sur la deuxième ligne) et son nez… caractéristique, ou Boo (pour ne pas parler du reste du casting de Monstres et Compagnie qui n’est pas humain stricto-sensu, mais qui présente un nombre assez incalculable de morphologies), ou encore Edna (la styliste barrée des Indestructibles)…

Quant à reprocher à Disney de ne pas créer de personnages féminins qui aient « une trogne » (la contrepartie masculine du schéma ne se prive pas de coller Skinner, l’irascible chef de chez Gusteau), c’est à mon avis faire insulte à tous ces personnages qui ont traumatisé des générations d’enfants, de Cruella Denfer à Ursula et de Maléfique à la Reine de Coeur.

En fait, et si l’on regarde de façon un peu plus large, on se rend compte qu’il y a des « séries » de styles graphiques dans les dessins animés Disney. Cela se retrouve non seulement sur les personnages féminins, mais sur l’ensemble des films.

Disney-human-heroines-from-time-to-time-disney-females-31925439-1134-1587La « mode des visages ronds » (si tant est que ce soit si caractéristique que ça) ne serait-elle donc pas simplement due à la « griffe » du dessinateur principal?

Et serait-il inenvisageable de demander un minimum d’honnêteté intellectuelle plutôt que de biaiser les expériences pour obtenir le résultat que l’on veut?