Ces jours où Dieu est mort

Les gens qui entrent dans une église ces jours-ci (i.e. à la date de l’article, et de façon plus générale entre le soir du Jeudi Saint et le matin de Pâques) seront frappés par l’ambiance très spéciale qui s’en dégage. Tabernacle ouvert, cierges éteints, les lieux semblent morts. Et ils le sont.

Jeudi Saint – le dépouillement des autels

A l’issue de la messe du Jeudi Saint a lieu un rituel un peu étrange, le dépouillement des autels.

Alors que les autels consacrés sont habituellement toujours recouverts d’une nappe (regardez bien la prochaine fois que vous entrerez dans une église), et généralement « habillés » avec des candélabres ou un crucifix[1]encore que ce dernier soit souvent celui du maitre-autel préconciliaire du fond du choeur, ils sont mis à nu pendant ces 48 heures.

De la même façon, le tabernacle, qui est habituellement toujours fermé[2]sauf cas rarissimes et graves, comme la décision de l’évêque de Belley-Ars suite aux profanations répétées dans son diocèse, et qui contient le reste des hosties consacrées, est ouvert, et la lumière rouge qui signifie la présence des Saintes Espèces éteinte.

L’office des ténèbres – On ne rigole pas

A partir du Jeudi Saint, l’office du matin (les Laudes) est remplacé par l’office des ténèbres. Qui, comme son nom l’indique est vachement moins rigolo que l’office qu’il remplace. Finis les psaumes de louanges et de joie, l’office s’ouvre sur le psaume 21, le célèbre « Mon Dieu, pourquoi m’as tu abandonné? », et au fur et à mesure de l’avancée de l’office, on éteint les bougies allumées sur le chandelier.

L’office se termine toutes lumières éteintes, par les fidèles frappant leur banc pour symboliser le tremblement de terre qui s’est produit à la mort de Jésus.

Samedi Saint – le jour où il ne se passe rien

Le Samedi Saint est lui aussi un jour particulier. Après le Jeudi Saint (l’institution de la Cène, l’agonie au jardin des Oliviers) et le Vendredi Saint (la mort du Christ), journées riches en offices , le Samedi Saint est une « journée morte ». Entre l’office des Ténèbres et la nuit de Pâques, il ne se passe rien. Les cloches sont silencieuses (elles le sont depuis le soir du Jeudi Saint et ne re-sonneront qu’au moment du Gloria de Pâques), aucune messe n’est dite, et l’Eglise est comme suspendue dans ce temps entre la mort du Christ et sa résurrection.

References

References
1 encore que ce dernier soit souvent celui du maitre-autel préconciliaire du fond du choeur
2 sauf cas rarissimes et graves, comme la décision de l’évêque de Belley-Ars suite aux profanations répétées dans son diocèse